Le conflit secret entre Stellantis et lItalie

Le PDG de Stellantis, Carlos Tavares, et le gouvernement italien ne sont pas en bons termes. Il y a quelques jours, le patron du groupe de 14 marques a regretté que l’Italie ne soutienne pas mieux la transition vers les voitures électriques, notamment avec des subventions à l’achat comme c’est le cas dans d’autres pays européens. Selon lui, cette situation affaiblit les usines italiennes du groupe Stellantis, qui ont récemment dû licencier des employés et fonctionnent actuellement à mi-capacité. Du côté du gouvernement, plusieurs sources suggèrent qu’un programme de soutien de 900 millions d’euros pour les voitures électriques est prévu dans les semaines à venir.

Cependant, cela ne semble pas aller assez vite pour Carlos Tavares, qui attend d’autres mesures de la part du gouvernement, telles que des coûts énergétiques plus bas pour ses usines. La situation prend cependant la forme d’un dialogue de sourds, car d’un autre côté, l’Italie veut que Stellantis rende ses usines italiennes plus efficaces en augmentant la production de 750 000 voitures par an à un million.

La pression exercée par Tavares n’est clairement pas appréciée au sein du gouvernement italien, en particulier pas par le premier ministre Giorgia Meloni. Elle a vivement attaqué Tavares et l’a accusé de vouloir délocaliser la production automobile de l’Italie vers des pays à bas salaires. Selon Giorgia Meloni, « une voiture qui est présentée comme un bijou italien sur le marché international doit également être produite en Italie ».

Effectivement, le gouvernement italien veut faire plus d’efforts pour attirer les constructeurs automobiles sur son territoire. Mais il n’a pas l’intention d’accorder des avantages spéciaux à Stellantis par rapport à d’autres entreprises. « Nous voulons défendre les intérêts nationaux, établir une relation équilibrée avec Stellantis pour protéger la production en Italie », a déclaré Giorgia Meloni devant le parlement.

Récemment, Stellantis, qui produit les marques Fiat, Alfa – et bientôt de nouveau Lancia -, a envoyé une lettre à ses fournisseurs italiens soulignant les possibilités d’investissement au Maroc, un pays vers lequel plusieurs entreprises de l’industrie automobile se sont tournées ces dernières années en raison des coûts inférieurs. Cette lettre a suscité de vives critiques, mais aussi des interrogations quant à l’avenir de la production en Italie. Tavares s’est justifié en soulignant que le secteur doit être « créatif » pour limiter les coûts. Tavares reste donc fidèle à lui-même et suit une ligne dure pour réduire systématiquement les coûts, ce qui semble plutôt bien réussir, étant donné les bénéfices record du groupe.

D’autre part, Giorgia Meloni n’a pas mâché ses mots non plus. Elle a affirmé que la fusion de FCA n’était en fait qu’un « rachat français » du groupe italien historique et qu’il n’était pas étonnant, de son point de vue, que « les choix industriels de l’entreprise tiennent beaucoup plus compte des exigences françaises que des italiennes ». Cela est peut-être en partie vrai, car le gouvernement français détient une participation dans Stellantis (6,1 %) via sa banque BPI France, qui finance des entreprises. En revanche, l’Italie n’a pas investi. Il reste à voir si ce seront à nouveau les travailleurs – dans ce cas italiens – qui en paieront le prix…

Benjamin Lambert

Journaliste engagé depuis plus de 10 ans, Benjamin Lambert a consacré sa carrière à l'investigation et à la révélation des problématiques sociales majeures. Ayant contribué significativement à des médias réputés, il met désormais son expérience au service de BelgiumTribune.be, explorant des sujets captivants et éclairant des enjeux cruciaux de la société à travers ses articles percutants.

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