Un imposteur énigmatique le faux prêtre qui a bluffé tout le monde

Imposteur se faisant passer pour un prêtre arnaque les églises en France

Les alertes se sont multipliées. En habits de religieux, accompagné d’un soi-disant postulant, un individu arpente la France, ses églises et ses abbayes. Un jour, il prétend se nommer le « père Vitalis », un autre jour « frère Jourdain ». Il se présente, selon la Conférence des religieux et religieuses de France (Corref) et le diocèse de Toulouse, comme « prieur général et fondateur de l’ordre de la congrégation autonome des frères et sœurs Lataste de Béthanie ».

En fait, l’ordre qu’il prétend avoir fondé n’existe pas, pas plus que ce faux prêtre n’a de celebret, ce document délivré aux prêtres et religieux par leur autorité ecclésiastique et qui leur sert d’attestation concernant la véracité de leur ministère.

Réactions face à l’imposteur

« C’est un affabulateur hors pair ! », s’exclame ainsi le père Patrice Gourrier depuis Poitiers. Quand le prêtre a vu arriver l’individu dans son église, fin janvier, il ne se doutait de rien. « Il avait la chasuble, l’aube et tout ! ». Et, précise-t-il, « une immense culture religieuse : il connaissait beaucoup de choses ». L’homme aurait ainsi relaté des pages d’histoires « qui remontent à 1901 » sur la commune de La Puye et sa congrégation des Filles de la Croix.

Témoignages de différents endroits

À l’abbaye de Fontgombault (dans l’Indre), où le duo s’est ensuite rendu, l’écho est le même : « Ce qui est impressionnant c’est qu’il donne bien le change ! Il connaît extrêmement bien la vie du père Lataste, qui était aumônier en prison », s’étonne Dom Jean Pateau, père abbé de cette abbaye traditionaliste.

Le père Gourrier, de son côté, renchérit : « La plupart des monastères n’ont rien décelé ». Le prêtre poitevin se sent aujourd’hui floué et extrêmement contrarié quant à la confiance qu’il peut accorder au tout-venant. « Jusqu’à présent, je ne demandais pas à un confrère de me présenter son celebret, désormais je me vois obliger de l’exiger », affirme-t-il. Il l’a d’ailleurs demandé voilà une semaine à un prêtre de passage.

Mesures pour contrer les imposteurs

« Cela fait longtemps que le celebret existe, précise, depuis Fontgombault, Dom Jean Pateau. Mais depuis un peu plus d’un an, ce justificatif n’est plus sous forme de papier mais de carte ». Une avancée pratique pour déceler les mensonges, de plus en plus sophistiqués, selon la Corref.

« Ce genre d’arnaque n’est pas nouveau ! C’est même assez régulier, de l’ordre de cinq par an », précise Sophie Nouaille, qui travaille au sein de l’institution. « Mais les dialogues sont de plus en plus rodés », ajoute-t-elle, invitant à une vigilance accrue.

Utilisation du nouveau format de celebret

À cet égard, le nouveau format du celebret représente un avantage : il est plus difficile à falsifier que lorsqu’il prenait la forme d’une feuille de papier. Une avancée technologique qui complique la tâche des imposteurs. « On y a accès en flashant un QR code sur son téléphone portable et le porteur doit taper un code afin que l’on puisse accéder à sa carte », explique Dom Pateau.

Résultat : quand le frère hôtelier de son abbaye a demandé à l’imposteur son celebret, celui-ci a fait mine de chercher dans ses bagages, bredouillé quelque chose… En vain : « Avec son acolyte, ils sont repartis en auto-stop, semble-t-il pour aller à Lourdes », raconte l’abbé, qui avait été prévenu par Patrice Gourrier.

Découverte de l’imposteur

De fait, quand ce dernier a proposé à l’escroc de concélébrer la messe, il s’est rendu compte de la situation : « Pendant la messe, j’ai pris la prière eucharistique numéro deux, qui est simple, et visiblement il ne la connaissait pas ». Patrice Gourrier n’avait pas encore connaissance, alors, du signalement fait à la police de Poitiers par l’abbaye de Ligugé, où le duo s’était rendu le week-end précédent, dit-il.

« Un indice nous a aidés à le reconnaître : l’individu boîte, nous avait précisé une communauté. Quand nous l’avons vu boiter, nos doutes se sont envolés », témoigne Jean Pateau.

Viendra ensuite le tour du diocèse de Toulouse, qui donnera l’alerte dans sa newsletter du 16 février, décrivant le jeune homme de 20 ans qui accompagne le faux prêtre comme « possiblement sous emprise ». Patrice Gourrier est plus mesuré : « Le moine le présentait comme belge et non francophone, si bien que le jeune ne disait rien. Mais il m’a donné l’impression d’être bien dans sa peau, il n’avait pas l’air apeuré du tout ». La Corref a également diffusé l’alerte auprès de l’ensemble des congrégations religieuses.

But de l’imposteur

Que vient chercher ce duo dans les abbayes ? « Profiter de la bienveillance et de la générosité des religieux, être hébergé de façon gratuite » est un motif vraisemblable d’après Sophie Nouaille, qui ajoute : « Je pense que ces individus ciblent les congrégations susceptibles d’ouvrir assez facilement leurs portes. L’accueil, c’est l’ADN des monastères ».

FAQs

1. Qui est l’individu se faisant passer pour un prêtre ?

L’individu se faisant passer pour un prêtre prétend se nommer le « père Vitalis », ou parfois « frère Jourdain ».

2. Quel document manque à ce faux prêtre ?

Ce faux prêtre ne possède pas de celebret, qui est une attestation délivrée aux prêtres et religieux.

3. Comment les abbayes ont-elles réagi face à l’imposteur ?

La plupart des abbayes n’ont rien décelé et ont été surpris par l’imposteur qui avait une grande connaissance religieuse.

4. Quelle mesure a été mise en place pour contrer les imposteurs ?

Un nouveau format de celebret, sous forme de carte avec un QR code, a été introduit pour limiter les fraudes.

5. Comment l’imposteur a-t-il été découvert ?

L’imposteur a été découvert lorsqu’il a été incapable de réciter correctement une prière pendant la messe.

6. Quel est le but de l’imposteur en se rendant dans les abbayes ?

L’imposteur cherche à profiter de l’hospitalité et de la générosité des religieux pour être hébergé gratuitement.

Laurent Dubois http://belgiumtribune.be

Fort d'une carrière de 18 ans dans le journalisme, Laurent Dubois s'est spécialisé dans la couverture approfondie des événements culturels, artistiques et historiques. Ayant travaillé avec des magazines de premier plan, il met désormais à contribution son savoir-faire pour BelgiumTribune.be, partageant des perspectives uniques sur le patrimoine culturel et l'art contemporain.

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