Thierry Guillaume producteur de Pékin Express inquiet pour la sécurité des candidats

Thierry Guillaume produit « Pékin Express » depuis 2008. Pour cette 18e saison qui débute jeudi 8 février sur M6, les huit binômes et Stéphane Rotenberg prennent la direction de l’Asie du Sud-Est. Dans cette émission qui nous a permis de faire le tour du monde, les nouveaux candidats continuent de s’affronter étape par étape en Indonésie, en Malaisie pour arriver en finale à Hanoï au Vietnam. Cette saison, ils devront parcourir 10 000 kilomètres en faisant toujours de l’auto-stop avec un seul euro en poche par jour et toute leur énergie pour trouver un hébergement gratuit chez l’habitant le soir.

franceinfo : Le succès de « Pékin Express » réside d’abord dans le casting. Sur quels critères choisissez-vous les candidats ?
Thierry Guillaume : Au final, on se demande avec qui on a envie de passer 40 jours de tournage. On revient à des choses très primaires. On finit par choisir les gens qui nous touchent le plus, qui nous amusent le plus et à qui on a envie de faire ce cadeau, de partir avec nous au bout du monde.
Il y a des personnages absolument emblématiques. Je pense évidemment à un certain Étienne. Ceux qui ont regardé « Pékin Express » voient tout de suite de qui je parle. Un sacré personnage. Il ne comprenait jamais les règles du jeu, il disait tout le temps : « C’est foutu, c’est foutu, c’est foutu », d’ailleurs, il a abandonné assez vite. Lui, vous l’avez repéré tout de suite au casting ?
Oui, et là, on voulait faire une surprise à nos téléspectateurs ! Dès qu’il est arrivé, on s’est dit : « Tiens, quel personnage original ! Que vient-il faire dans ce casting ? » Et puis il était vraiment motivé, il avait envie d’essayer. Il ne savait pas vraiment à quoi s’attendre, mais ça a donné ce que ça a donné. Il râle, mais il nous a fait beaucoup rire. On l’a d’ailleurs fait revenir l’année suivante.
Chaque année, vous espérez des personnages comme lui ?
Oui, dès qu’on a notre route, nos pays, nos épreuves. Quand on choisit le casting, on commence à imaginer le programme. Le casting, c’est formidable. On a 40 000 candidatures tous les ans, donc à chaque fois, ce sont des surprises. On ne cherche rien de particulier. Et puis il y a des personnalités, des histoires, des binômes qui débarquent.
Quelles questions posez-vous aux 40 000 personnes qui se présentent ? Comment faites-vous la différence ? Parce que la personne qui râle, vous ne la voyez pas tout de suite, j’imagine.
Si. En dix minutes, on arrive à cerner les gens. Il y a les personnalités, l’histoire d’un binôme, le lien entre deux personnes, enfin, tout ça nous aide à choisir. Après, il faut un savant mélange de vieux, de jeunes, de gens du Nord, du Sud, des Belges, etc. Cette année, ça se passe en Malaisie. Je crois que c’est la première fois, en tout cas en Malaisie continentale.
Oui, c’est la première fois. On avait fait une partie de l’île de Bornéo, mais là, c’est la première fois qu’on va en Malaisie. C’est la première fois également qu’on va au nord du Vietnam, on avait fait le sud et c’est un très beau souvenir pour tout le monde.
Est-ce qu’il y a des pays où vous n’arrivez pas à obtenir des autorisations de tournage ?
Non. On fait très attention au choix des pays, évidemment, pour que les conditions de sécurité soient réunies pour nos candidats et qu’il ne leur arrive rien, évidemment. La météo aussi. En fonction de la période de tournage. On ne peut pas aller partout. Mais pour l’instant, on n’a pas eu de refus qui nous ont empêchés de tourner.
Testez-vous les épreuves vous-même ? Parce qu’il y a des choses très difficiles.
Moi non, mais il y a des gens de l’équipe dont le métier est de collaborer à l’écriture et de tester les épreuves. Oui, toutes les épreuves sont testées par nos équipes.
Est-ce que vous vous dites parfois que certaines ne sont pas jouables ou jamais ?
Non, on aménage un petit peu les règles pour que ce soit faisable, mais oui, on leur fait manger des spécialités locales pas très bonnes, on les fait sauter à l’élastique ! Maintenant, les candidats attendent ces épreuves. Ils savent qu’il va y avoir un petit-déjeuner particulier, un saut à l’élastique et ils attendent et espèrent ce moment-là pour se dépasser.
Vous êtes sur place pendant le tournage. Comment ça se passe ?
C’est un peu comme le directeur du Tour de France, je suis dans une voiture au milieu du convoi. En fait, tous nos binômes sont suivis par des voitures de production. Avec les candidats dans leur véhicule, il y a un caméraman. Dans la voiture de production, il y a un journaliste et un assistant local. Il y a donc huit voitures de production qui suivent les candidats. Et puis il y a la voiture de direction de course dans laquelle je suis avec la rédactrice en chef et on suit ce qui se passe. « On a des cartes avec des traceurs pour les candidats, on sait où ils sont, à quelle vitesse ils roulent, etc. »

Thierry Guillaume, producteur de « Pékin Express » à franceinfo
Et puis on a toutes les infos qui nous reviennent par téléphone, par les journalistes qui suivent l’action.

Votre souvenir le plus fou sur « Pékin Express » ?
Il y en a beaucoup, mais je pense à la saison 6 avec un démarrage dans l’Himalaya, en Inde, où on devait rejoindre l’équipe qui nous attendait avec les candidats en altitude. Et il y a eu ce jour-là un éboulement de terrain. La route s’est effondrée dans l’Himalaya, la circulation a été coupée et on s’est retrouvés coincés entre deux éboulements de terrain sans pouvoir avancer. Et on devait lancer le tournage le lendemain matin. Les candidats ont dormi sur les toits des voitures. Enfin, tout ça a été totalement improvisé, mais ça a donné le démarrage le plus surprenant de toutes les saisons.

Comment arrivez-vous à garantir la sécurité des candidats quand ils montent dans des voitures de gens qu’ils ne connaissent pas et quand ils dorment chez des inconnus ?
Il y a beaucoup de consignes de sécurité et c’est ce qui m’empêche de dormir pendant le tournage. Mais typiquement, ils ont un traceur GPS dans leur sac à dos donc nous savons où ils sont. Ils doivent respecter les limitations de vitesse imposées dans le pays en question. Ce ne sont pas eux qui conduisent ! Ils demandent à leur chauffeur et s’ils ne le font pas, le caméraman les fait descendre de voiture ou on les arrête pour leur donner des pénalités. Le soir, une fois qu’ils ont trouvé une maison, on va checker. Notre agent de sécurité va voir toutes les maisons, se renseigner auprès du voisinage. Les candidats ont un téléphone d’urgence dans leur sac à dos.

Il n’y a pas eu de tentative de kidnapping ?
Si, c’est arrivé à Cuba pendant quelques heures. Il y a eu plein de problèmes et d’aventures pendant ces tournages… Comment vous en êtes-vous sortis à Cuba ? Vous avez payé une rançon ? On a envoyé nos agents de sécurité qui ont discuté avec les gens qui retenaient nos candidats, qui voulaient leur prendre tout ce qu’ils avaient dans leur sac à dos. Des gens qui les avaient hébergés pour la nuit ? Oui. C’est arrivé une fois. Heureusement, ça n’arrive pas si souvent.

Est-ce que parfois, vous intervenez pour réconcilier des candidats ? Parce que forcément, il y a de la tension.
Non. On essaie de laisser les binômes, vraiment… Et c’est ce que je leur dis avant de partir. Je les vois tous avant de partir et je leur dis : nous, ce qu’on veut, c’est que vous viviez cette aventure à deux. Ce qui nous intéresse, c’est votre relation à vous. Nous, on est juste là pour filmer et raconter, donc on fait tout ce qu’on peut pour les laisser dans leur bulle parce qu’ils vont se fabriquer des souvenirs à deux. Ça va être des souvenirs forts et on veut vraiment interférer le moins possible dans leur histoire.

Vous pourriez être candidat ?
Non ! Je ferais un très mauvais candidat ! Je préfère être derrière. Tout va bien !

Retrouvez cette interview en vidéo :

Laurent Dubois http://belgiumtribune.be

Fort d'une carrière de 18 ans dans le journalisme, Laurent Dubois s'est spécialisé dans la couverture approfondie des événements culturels, artistiques et historiques. Ayant travaillé avec des magazines de premier plan, il met désormais à contribution son savoir-faire pour BelgiumTribune.be, partageant des perspectives uniques sur le patrimoine culturel et l'art contemporain.

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