Mystère autour de la Panthéonisation de Missak Manouchian et LAffiche Rouge

Le leader de la Résistance communiste panthéonisé 80 ans après sa mort

Le résistant communiste Missak Manouchian, figure de la célèbre « Affiche rouge » de 1944, est honoré par une entrée au Panthéon. Mercredi 21 février, il sera accompagné de son épouse Mélinée, marquant ainsi le 80e anniversaire de sa mort. Cet événement symbolise l’intégration de la résistance communiste dans ce lieu emblématique, aux côtés de figures gaullistes telles que Jean Moulin. Cependant, derrière cette reconnaissance officielle se cachent des enjeux mémoriels complexes, reflétant les conflits persistants autour de la mémoire de Missak Manouchian.

Missak Manouchian, poète arménien fusillé à l’âge de 37 ans en 1944 au mont Valérien, a acquis une notoriété particulière à travers l’iconique « Affiche rouge ». Cette affiche de propagande nazie, arborant un V rouge distinctif et mettant en avant dix portraits de résistants, a tenté de discréditer la Résistance en désignant Manouchian comme chef de bande responsable de multiples attentats et victime de centaines de victimes. Cependant, cette représentation s’avère être largement exagérée et inexacte, comme le révèlent les recherches historiques.

Des vérités historiques révélées

L’historien Franck Liaigre souligne que sans l’affiche controversée, Missak Manouchian n’aurait probablement pas été panthéonisé. Cette affiche, qui ne présentait que dix noms sur les 23 résistants arrêtés en 1943, a contribué à façonner une image mythifiée de Manouchian en chef de groupe, même si cette appellation n’a jamais été officielle. De plus, les allégations d’attentats et de victimes attribuées à Manouchian se révèlent être des falsifications propagandistes.

L’affiche a incité certains individus, tels que la célèbre résistante Madeleine Riffaud, à rejoindre la Résistance après avoir été confrontés au visage de ces combattants affichés publiquement. L’impact de cette propagande a eu des répercussions inattendues en ralliant davantage de personnes à la cause de la Résistance, renforçant la détermination des opposants au régime nazi.

Un legs mémoriel persistant

Malgré la reconnaissance officielle de Missak Manouchian et son entrée au Panthéon, des questions subsistent concernant la représentation exclusive de sa figure au détriment des autres membres du groupe. Des descendants de résistants du mont Valérien soulignent l’importance de ne pas isoler un seul nom mais de préserver l’intégrité collective de ces combattants. L’opuscule d’Annette Wieviorka met en lumière les distorsions historiques potentielles induites par cette focalisation sur Manouchian.

La panthéonisation de Missak Manouchian représente donc un acte symbolique visant à honorer l’ensemble des résistants et à les inscrire dans la mémoire collective. Ce geste historique permet également de rétablir une justice mémorielle en reconnaissant le sacrifice de nombreux étrangers engagés dans la Résistance et longtemps négligés dans l’histoire officielle. La cérémonie au Panthéon rend hommage à leur courage et à leur dévouement pour la liberté.

Gilles Moreau https://belgiumtribune.be/

Journaliste chevronné depuis plus de 12 ans, j'ai couvert divers sujets allant de la politique nationale à l'économie mondiale. Autrefois affilié à des publications de renom, il apporte désormais son expertise à BelgiumTribune.be, analysant en profondeur les enjeux politiques et économiques qui façonnent l'avenir du pays.

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