EXCLUSIF Mystère autour de la mort de Robert Badinter à Paris

Le décès de Robert Badinter : un hommage à l’homme qui a aboli la peine de mort en France

Le commandeur de la rectitude

Le vieux monsieur, longue silhouette émaciée par les années qu’un reste de vent menaçait toujours d’emporter, a longtemps marché à pas lents, entre deux colloques, dans les allées de son cher jardin du Luxembourg, qui s’ouvrait sous les fenêtres de son bel appartement de la rue Guynemer. Il y faisait une courte pause pour acheter un bout de réglisse dont il était fort gourmand et qu’on lui servait avec respect.

Un homme au parcours exceptionnel

L’austère Robert Badinter, tout cuirassé par le droit et une haute idée de sa mission, s’était adouci avec l’âge, noyé dans des souvenirs et des lectures innombrables, marchant dans les pas de ses ombres familières, Condorcet et Fabre d’Eglantine, à deux pas de ce Sénat où il a siégé et dont il connaissait tous les détours. Robert Badinter, qui restera d’abord comme l’homme qui a aboli la peine de mort, s’est éteint dans la nuit du 8 au 9 février, à Paris, à l’âge de 95 ans.

Un parcours de rectitude et d’engagement

Badinter, né le 30 mars 1928 à Paris, grand bourgeois janséniste, « républicain, laïc et juif », et pas toujours commode, a été l’un des ministres les plus haïs de sa génération. Il reste, la poussière du temps retombée, l’incarnation d’une rectitude, celle d’une gauche que l’épreuve du pouvoir n’aurait pas détournée de ses idéaux. Trente ans avocat, presque cinq ans garde des sceaux, neuf ans président du Conseil constitutionnel, seize ans sénateur. Son engagement et sa rectitude l’ont forgé en un intellectuel en politique, à l’image de Nicolas de Condorcet, dont il a été, avec son épouse, Elisabeth, l’ardent biographe.

Le destin tragique d’une famille

Au soir du 9 février 1943, le jeune Robert entre dans l’immeuble lyonnais où ses parents, Charlotte et Simon, se sont repliés pour fuir la zone occupée. Les Allemands sont déjà là, Klaus Barbie, le chef de la Gestapo lyonnaise, a signé l’ordre de déportation de la famille quelques heures plus tôt. Le jeune homme comprend immédiatement, dévale l’escalier et se fond dans la nuit. Simon, son père, est déporté à Drancy et ne reviendra jamais du camp de Sobibor. Né en Bessarabie, l’actuelle Moldavie, alors sous la botte tsariste, il avait fui les pogroms puis les bolcheviques en 1919, et pour lui, « étudiant juif, pauvre et révolutionnaire, la France se confondait avec la République, celle de la Révolution, de l’émancipation des juifs, des droits de l’homme, de Victor Hugo et de Zola ».

FAQs

*Comment Robert Badinter a-t-il marqué l’histoire ?*
Robert Badinter restera à jamais l’homme qui a aboli la peine de mort en France, un acte qui a marqué l’histoire judiciaire et politique du pays.

*Qu’est-ce qui a forgé l’engagement de Robert Badinter ?*
Le destin tragique de sa famille durant la Seconde Guerre mondiale, avec la déportation de son père par les nazis, a fortement influencé l’engagement de Robert Badinter en faveur des droits de l’homme.

*Quels sont les principaux postes occupés par Robert Badinter au cours de sa carrière ?*
Robert Badinter a été avocat pendant près de trente ans, garde des sceaux pendant presque cinq ans, président du Conseil constitutionnel pendant neuf ans, et sénateur pendant seize ans.

*Quelle était la vision politique de Robert Badinter ?*
Robert Badinter était un homme de gauche, profondément attaché à ses idéaux et à la rectitude, même dans l’exercice du pouvoir.

*Quelles sont les principales références intellectuelles de Robert Badinter ?*
Robert Badinter s’identifiait à Nicolas de Condorcet, et lui et son épouse, Elisabeth, ont été les ardents biographes de cet intellectuel des Lumières.

*Quel était le lien de Robert Badinter avec la France et ses valeurs ?*
Pour Robert Badinter, la France représentait la République de la Révolution, de l’émancipation des juifs, des droits de l’homme, de Victor Hugo et de Zola, des valeurs auxquelles il était profondément attaché.

Benjamin Lambert

Journaliste engagé depuis plus de 10 ans, Benjamin Lambert a consacré sa carrière à l'investigation et à la révélation des problématiques sociales majeures. Ayant contribué significativement à des médias réputés, il met désormais son expérience au service de BelgiumTribune.be, explorant des sujets captivants et éclairant des enjeux cruciaux de la société à travers ses articles percutants.

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